Le marché du véhicule électrique est en plein essor, transformant le métier d'électricien. Pour installer des bornes de recharge, une simple expertise en électricité ne suffit plus : une qualification spécifique est devenue la norme. Il s'agit de la fameuse qualification IRVE (Infrastructure de Recharge pour Véhicule Électrique). Mais que cache cet acronyme ? Quels sont les différents niveaux et comment les obtenir ? On vous explique tout.
Depuis un décret de 2017, la qualification IRVE est devenue un prérequis légal pour l'installation de la majorité des bornes de recharge (d'une puissance supérieure à 3,7 kW). Ce n'est pas une simple formalité administrative, mais une garantie essentielle pour plusieurs raisons.
La qualification IRVE n'est pas monolithique. Elle se décline en trois niveaux, correspondant à des types d'installations de plus en plus complexes.
1. Le niveau 1 (P1) : la base
Cette qualification est la porte d'entrée. Elle permet d'installer des points de charge basiques, jusqu'à 22 kW, sans configuration spécifique pour la communication ou la supervision. C'est le niveau requis pour la plupart des installations chez les particuliers (maisons individuelles) et dans les petites entreprises.
2. Le niveau 2 (P2) : l'expert communicant
Le niveau P2 couvre tout ce que permet le P1, mais y ajoute une compétence essentielle : la gestion des bornes communicantes et de la recharge intelligente (smart charging). Le technicien P2 est capable de configurer des bornes pour la supervision à distance, la gestion de la puissance, le pilotage énergétique ou la monétisation. C'est le niveau indispensable pour les installations en copropriété, les parkings d'entreprise ou les parkings publics.
3. Le niveau 3 (P3) : le spécialiste haute puissance
Ce niveau est le plus élevé. Il concerne l'installation de bornes de recharge rapide à courant continu (DC), d'une puissance supérieure à 22 kW. Ces infrastructures complexes, que l'on retrouve principalement sur les aires d'autoroute ou les stations de recharge dédiées, exigent une expertise pointue en matière de haute tension et de raccordement au réseau.
Le parcours pour devenir un installateur qualifié IRVE est balisé et accessible à tout électricien expérimenté.
Le processus se déroule en deux temps. D'abord, il faut suivre une formation théorique et pratique auprès d'un organisme de formation agréé. Cette formation, qui dure généralement entre un et trois jours selon le niveau visé, permet d'acquérir les connaissances techniques et normatives spécifiques à l'IRVE.
Ensuite, une fois la formation validée, le professionnel doit constituer un dossier de demande de qualification auprès d'un organisme certificateur comme Qualifelec ou l'AFNOR. Ce dossier doit contenir la preuve de la formation, mais aussi des justificatifs d'expérience, les assurances professionnelles obligatoires (responsabilité civile et décennale) et des exemples de chantiers réalisés. La qualification est ensuite délivrée pour une période donnée et doit être renouvelée régulièrement.
1. Je suis un électricien expérimenté, la formation est-elle vraiment nécessaire ?
Oui, elle est obligatoire. Même avec 20 ans d'expérience, la formation est un prérequis pour déposer un dossier de qualification. Les technologies et les normes IRVE sont très spécifiques et évoluent rapidement.
2. Combien coûte une formation IRVE ?
Les prix varient selon l'organisme et le niveau visé, mais il faut généralement compter entre 500 € et 1500 € pour un parcours de formation complet. Cet investissement est rapidement rentabilisé par l'accès au marché des bornes de recharge.
3. Puis-je installer une simple prise renforcée sans qualification ?
Oui. L'installation d'une prise renforcée (type Green'up), dont la puissance est limitée à 3,7 kW, ne requiert pas la qualification IRVE. Cependant, dès que vous installez une borne de recharge murale (wallbox), même de 3,7 kW, la qualification devient obligatoire pour que votre client puisse bénéficier des aides.
4. La qualification est-elle valable à vie ?
Non. La qualification doit être renouvelée (généralement tous les ans via un suivi, puis un audit tous les 4 ans) pour s'assurer que le professionnel maintient ses compétences à jour face aux évolutions technologiques et réglementaires.
