Embaucher un intérimaire en CDI : le guide complet pour les entreprises

Vous avez trouvé la perle rare via l'intérim et souhaitez la garder ? Découvrez comment embaucher un intérimaire en CDI en France. Guide des étapes, modalités et points clés de la loi française (prime de précarité, période d'essai, etc.).
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Le recours à l'intérim est une solution flexible pour répondre à un besoin ponctuel de main-d'œuvre. Mais que se passe-t-il lorsque vous trouvez un collaborateur exceptionnel, parfaitement intégré à vos équipes et dont les compétences sont précieuses sur le long terme ? La solution est simple : lui proposer un Contrat à Durée Indéterminée (CDI).

Embaucher un intérimaire en CDI est une démarche courante, avantageuse et encadrée par le Code du travail. Ce guide complet vous détaille les modalités, les avantages et les points de vigilance pour transformer une mission d'intérim en une collaboration durable, en toute conformité avec la loi française.

Pourquoi transformer un contrat d'intérim en CDI ? les avantages pour l'entreprise

Avant de plonger dans les aspects techniques, rappelons pourquoi cette démarche est stratégique :

  • Réduction des coûts et du temps de recrutement : Vous économisez les frais liés à la publication d'offres, au tri des CV et aux entretiens. Le processus est déjà bien avancé.
  • Intégration réussie : Le collaborateur connaît déjà l'entreprise, sa culture, ses outils et ses équipes. La phase d'intégration est largement simplifiée.
  • Compétences validées en conditions réelles : Vous avez pu évaluer concrètement les compétences techniques et les "soft skills" de la personne sur son poste. Le risque d'une erreur de casting est quasi nul.
  • Continuité opérationnelle : Vous assurez la stabilité de votre équipe en conservant un élément productif et déjà formé.

Le cadre légal : ce que dit la loi française

L'embauche d'un intérimaire en CDI est régie par des dispositions précises du Code du travail. Maîtriser ces règles est essentiel pour sécuriser le processus.

1. L'absence de délai de carence

C'est le premier point clé. Normalement, lorsqu'un contrat d'intérim prend fin, l'entreprise doit respecter un délai de carence avant de pouvoir faire appel à un autre intérimaire sur le même poste.

Cependant, l'article L1251-36 du Code du travail est très clair : ce délai de carence ne s'applique pas lorsque l'entreprise embauche le salarié intérimaire en CDI à l'issue de sa mission. Vous pouvez donc lui proposer un CDI qui commence dès le lendemain de la fin de son contrat de mission.

2. La prime de précarité (ou indemnité de fin de mission - IFM)

La prime de précarité, équivalente à 10 % de la rémunération brute totale, est normalement due à l'intérimaire à la fin de sa mission. Toutefois, il existe une exception majeure.

Selon l'article L1251-32 du Code du travail, l'indemnité de fin de mission n'est pas due si :

  • Le salarié est embauché en CDI par l'entreprise utilisatrice.
  • L'embauche a lieu immédiatement après la fin de la mission (sans interruption).
  • Le poste proposé en CDI est le même ou un poste similaire, avec une rémunération au moins équivalente.
Attention : Si l'intérimaire refuse votre proposition de CDI remplissant ces conditions, il perd son droit à l'indemnité de fin de mission. Si vous lui proposez un CDI après une période d'interruption, l'IFM reste due par l'agence d'intérim.

3. La période d'essai

C'est un autre avantage majeur pour l'employeur. L'article L1251-38 du Code du travail stipule que la durée des missions effectuées par le salarié au sein de votre entreprise au cours des trois mois précédant l'embauche est déduite de la période d'essai prévue dans le nouveau contrat CDI.

  • Exemple : Vous embauchez un intérimaire qui vient de passer 2 mois en mission chez vous. La période d'essai de son CDI est de 3 mois. Sa nouvelle période d'essai effective sera de : 3 mois - 2 mois = 1 mois.
  • Si la mission a duré plus longtemps que la période d'essai légale ou conventionnelle, celle-ci peut être entièrement supprimée.

4. Le calcul de l'ancienneté

L'ancienneté du salarié dans l'entreprise commence officiellement à la date de signature du CDI. Cependant, l'article L1251-38 précise également que le salarié conserve l'ancienneté qu'il a acquise au titre de ses missions, dans la limite de trois mois. Cette ancienneté est prise en compte pour le calcul de certains droits (primes, congés, etc.).

Les étapes clés pour embaucher un intérimaire en CDI

Le processus est simple et se déroule en quelques étapes claires.

Étape 1 : Communiquer avec l'agence d'intérim (ETT)
L'agence d'intérim (Entreprise de Travail Temporaire) est l'employeur légal de l'intérimaire pendant sa mission. Il est donc primordial de l'informer de votre intention d'embaucher le salarié. Cette communication permet de clarifier les aspects administratifs, notamment la date de fin du contrat de mission et la question de la prime de précarité.

Étape 2 : Faire une proposition d'embauche formelle
Faites une offre écrite et précise au salarié. Cette proposition d'embauche ou promesse d'embauche doit mentionner :

  • L'intitulé du poste.
  • La nature du contrat (CDI).
  • La date de début souhaitée (idéalement, le jour suivant la fin de la mission).
  • La rémunération et ses composantes.
  • Le lieu de travail.
  • La durée de la période d'essai (en tenant compte de la déduction légale).

Étape 3 : Rédiger et signer le contrat de travail (CDI)
Une fois la proposition acceptée, vous devez rédiger le contrat de travail. Le salarié n'est plus lié à l'agence d'intérim, mais directement à votre entreprise. Le contrat doit reprendre les éléments de l'offre et inclure toutes les clauses légales et conventionnelles applicables.

Étape 4 : Effectuer les démarches administratives d'embauche
Comme pour toute nouvelle embauche, vous devez réaliser les formalités obligatoires :

  • Déclaration Préalable à l'Embauche (DPAE) auprès de l'URSSAF.
  • Inscription du salarié sur le registre unique du personnel.
  • Organisation de la visite d'information et de prévention (VIP) auprès de la médecine du travail.
  • Affiliation aux caisses de retraite complémentaire et à la mutuelle d'entreprise.

Attention : ne pas confondre avec le CDI intérimaire (CDII)

Il est crucial de ne pas confondre l'embauche d'un intérimaire en CDI "classique" avec le CDI Intérimaire (CDII).

  • CDI classique (votre cas) : Le salarié devient votre employé direct.
  • CDI Intérimaire (CDII) : Le salarié signe un CDI avec l'agence d'intérim. Il reste donc employé par l'agence, qui l'envoie en mission dans différentes entreprises utilisatrices, dont la vôtre.

Conclusion : une stratégie gagnant-gagnant

Embaucher un intérimaire en CDI est une excellente décision stratégique pour sécuriser un talent que vous avez déjà pu apprécier. Le cadre légal français facilite grandement cette transition en supprimant le délai de carence et en adaptant la période d'essai et la prime de précarité. En suivant les étapes décrites et en communiquant de manière transparente avec l'agence d'intérim et le salarié, vous transformerez une mission temporaire en une collaboration pérenne et fructueuse.

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Gustave Bietrix
Fondateur, Make Your Job